Visite d’une exposition photos à Bressuire

Vendredi 11 février, nous avons visité une exposition photos à Bressuire. L’histoire peut sembler belle mais la morale est dure.

Sekou : L’histoire du monsieur, ça fait souffrir.
J’ai beaucoup aimé la photo où il décide de partir. Il marche avec son sac à dos. Il pense à la route. J’ai aimé aussi la photo avec les deux petites filles, comme sa famille, à qui il n’a pas pu dire qu’il allait partir.

Jawad : J’ai regardé le château, c’est joli. J’ai regardé les photos : le Cameroun, beaucoup de personnes, en voiture ou nager. C’est très difficile : pas dormir, pas d’argent, beaucoup de soleil.
J’ai aimé la photo au Cameroun où il joue au football.

Yemane : Je suis triste. Une personne qui n’a rien, pas à manger, pas à boire, pas d’argent. Beaucoup de personnes dans les voitures. Je suis content d’être allé à Bressuire mais les personnes sur les photos, c’est triste.
J’ai aimé la photo à la gare avec son ami.

Akhtar : Je suis content d’être allé à Bressuire. L’histoire de Kingsley, c’est très difficile. Il a beaucoup marché, il faisait chaud. Ca m’a rappelé des souvenirs. Je ne peux pas oublier.
J’ai beaucoup aimé la photo où il retrouve son ami dans la gare, il est content, et il pense « merci ».

Nader : En premier, quand j’ai regardé, j’ai trouvé les photos jolies. Après, j’ai parlé avec la dame et j’ai dit « c’est triste ». Dormir avec beaucoup de personnes, être 35 personnes dans une voiture sans manger et boire… C’est pas possible……..

Nader : ………. En France, il ne connaissait rien ni personne. Il a eu beaucoup de chance de trouver un travail direct. Il a essayé plusieurs fois de partir, il a toujours continué encore, encore. Comme au travail, ça marche pas mais il faut faire encore, pas de stop.
J’ai aimé la photo où il travaille. La première fois, c’est difficile. Et maintenant, il est chef. J’ai aimé aussi la photo avec les chaussures faites avec des bouteilles d’eau.

Pour cette visite le février, le 11 février, nous avons été accueilli.e.s par Naoil Chekraoui.

Nous avons vu un film avec les photos de Kingsley ; cliquer ici

Kingsley, en 2004, c’est un jeune camerounais qui gagne 50 euros par mois et qui rêve d’une vie meilleure. Nous avons découvert son histoire à travers les photos d’Olivier Jobard, racontées par Naoil Chekraoui, du service animation et culture de Bressuire.
Kingsley a été accompagné par le photographe du jour de son départ du Cameroun jusqu’à son installation en France. On suit ses galères, ses doutes, ses peines… Sur la route, il côtoie des passeurs, des voleurs, des compagnons de voyage qui périssent, des locaux chaleureux… Et il finit par obtenir l’asile en France.
L’histoire peut sembler belle mais la morale est dure : « je ne recommanderai à personne de faire ce que j’ai fait », c’est sur ces mots de Kingsley que la visite prend fin.
Et puis, nous rentrons à CLE et le plus bouleversant arrive : ces hommes à qui j’enseigne le français chaque jour, à qui j’explique qu’il faut mettre un E quand c’est féminin, à qui je demande de ne pas oublier de dire « je » quand ils utilisent un verbe ; ces hommes décident de partager un morceau de leur histoire au groupe, avec des mots si simples. Moi aussi, j’ai vécu ça. Moi aussi, j’ai vu des personnes mourir pour venir. Moi aussi, j’ai été frappé, volé, trahi sur la route. Moi aussi…
Et l’audience est attentive, pose des questions, émue aux larmes.
Olivier Jobard ne voulait pas faire voir « les migrants », sa volonté était d’humaniser.
A l’échelle de CLÉ, la mission fut plus qu’accomplie. – Marie