Publiée le 21 novembre 2023
Des structures organismes de formation prestataires de l’Habilitation de Service Public Socle de Compétences adressent un courrier d’alerte au Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine
Depuis plusieurs dizaines d’années nos structures sont impliquées localement pour faciliter l’accès aux savoirs de base pour toute personne résidant sur leurs territoires. Historiquement, nos structures ont acquis une réelle légitimité concernant la connaissance des publics et les méthodologies mises en œuvre. Elles participent largement au maillage nécessaire du territoire en matière d’accès à la formation de base. A ce titre elles sont indispensables et ont lié des liens forts avec les partenaires de leurs territoires.
Au gré des changements d’organisation institutionnelle et des renouvellements des dispositifs, nos structures se sont adaptées. Elles ont su trouver des terrains d’entente et de partenariat entre elles pour maintenir un maillage territorial en accord avec la volonté légitime des institutions de donner accès au plus grand nombre à la formation professionnelle et la formation de base.
Voilà 4 ans, nos structures ont de nouveau répondu présentes lorsque le Conseil Régional a lancé sa proposition d’Habilitation de Service Public Socle de Compétences. Au bout de 4 années, si le maillage territorial est toujours présent, ses animateur·rices que sont les professionnel·les de nos structures, en ressortent éreinté·es. Pris·es en étau entre les besoins (prioritaires) des stagiaires, les exigences administratives (changeantes) de leur commanditaire et la santé financière (fragile) de leurs entreprises, nombre de responsables salariés ou administrateurs au mieux ne retrouvent plus le sens de leur implication, résistent au surmenage, mais certains se posent la question de ne plus émarger à un tel dispositif avant d’être submergé·es.
Quant aux structures, quelle que soit leur taille, rares sont celles qui peuvent afficher un bilan financier équilibré et validé par les contrôles financiers successifs du Conseil Régional et de leurs cabinets sous-traitants. Fin 2023 seulement, elles voient leurs bilans 2020 ou 2021 retoqués. 10, 20, 30, plus de 40000€ parfois à rembourser au Conseil Régional 2 années après avoir validé leurs comptes annuels… Sur les bases de maquettes financières complexes, négociées âprement puis figées depuis 2019, les structures doivent justifier d’une activité dont les règles de compensation n’ont cessé elles d’évoluer durant les trois dernières années. Les charges administratives, dont le contrôle de gestion, sont conséquentes et exigeantes. Résultat : des trésoreries au plus bas, des rapports alarmants de commissaires aux comptes, des activités au bord de l’asphyxie ! S’ajoute à cela, la hausse importante et générale du coût de la vie (fluides, hausse des salaires conventionnés…) qu’il nous est impossible de répercuter à hauteur de la réalité de l’inflation.
Bien sûr, nous pourrions ici équilibrer ce constat alarmant par des résultats positifs auprès des stagiaires que nos structures accompagnent quotidiennement. Cela a été rendu possible également par la prise en compte dans ce dispositif d’heures d’accompagnement individuel pour lever les freins et sécuriser les parcours. Nous avons aussi pu ainsi travailler avec la confiance des partenaires pour accueillir des publics précaires et fragiles et les maintenir en formation. Nous en sommes fiers pour eux, pour elles, tout autant que peut l’être le Conseil Régional, notre premier partenaire et commanditaire sur ce dispositif. Malheureusement, ces réussites ne sauront se maintenir et s’épanouir sans acteurs et actrices de terrain, sans structures de formation adaptées et impliquées sur leurs territoires !
A la veille d’un renouvellement du dispositif HSP Socle, avant la mise en concurrence qui verra nos structures devoir faire des choix et des propositions cruciales pour leur avenir et celui des futur·es stagiaires de nos territoires, nous exprimons ici notre plus vive inquiétude quant au maintien d’un réel accès de qualité et en proximité à la formation de base. Nombre de nos structures ne pourront se représenter ou réfléchissent à maintenir un partenariat financier trop incertain. Les acteurs et actrices se demandent si elles pourront de nouveau répondre pendant plusieurs années aux exigences inconstantes d’un dispositif dont les règles du jeu évoluent en cours de réalisation.
Si ces exigences administratives sont légitimes car elles doivent répondre à celles d’un service public de qualité, il ne faudrait pas qu’elles étouffent les structures qui sont justement censées mettre en œuvre ce même service public.
Sans mise à jour et éclaircissement du prochain dispositif à venir, nous souhaitons alerter par cette tribune sur les risques imminents :
- pour nos territoires, d’un démantèlement progressif d’un tissu partenarial
- pour nos structures, de cessations d’activités en direction des plus éloignées de la formation et du départ de formateur·rices compétentes vers le chômage ou d’autres horizons plus propices à leur épanouissement professionnel
- pour les futurs apprenants et apprenantes de ne plus trouver en proximité la qualité de formation dont ils et elles jouissent à présent.
Structures signataires :
CORAPLIS – Cassiopée – CEDIF – ASERC – AAISC – APEJ – CSC Pont des Seugnes – ATELEC – SCOP SAS Hommes et Savoirs – Ré-Clé-Ré – ALTEA CABESTAN – CSC Les Pictons – MFR Périgord-Limousin – asfodep – CLÉ – Mot à Mot – CSC Mauzéen – Aclé – ACLEF – CSC La pousse – Alsiv – CICERONE – CPA Lathus